Découvrez un auteur avec Pauline ...

Découvrez un auteur avec Pauline
22 Jan

Découvrez un auteur avec Pauline ...


Georges Perec, Espèces d’espaces, ed. Galilée, 1973

« L’INHABITABLE

L’inhabitable : la mer dépotoir, les côte hérissées de fils de fer barbelés, la terre pelée, la terre charnier, les monceaux de carcasses, les fleuves bourbiers, les villes nauséabondes

L’inhabitable : l’architecture du mépris et de la frime, la gloriole médiocre des tours et buildings, les milliers de cagibis entassés les uns au-dessus des autres, l’esbroufe chiche des sièges sociaux

L’inhabitable : l’étriqué, l’irrespirable, le petit, le mesquin, le calculé au plus juste

L’inhabitable : le parqué, l’interdit, l’encagé, le verrouillé, les murs hérissés de tessons de bouteilles, les judas, les blindages. »

« Écrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser, quelque part, un sillon, une trace, une marque ou quelques signes. »

Georges Perec est né en 1936 à Paris, il est d'une famille juive. Il mène une enfance difficile : son père est tué au combat pendant la Deuxième Guerre mondiale, sa mère est déportée à Auschwitz. Georges Perec est sauvé par sa famille paternelle, vivant en zone libre, qui le recueille peu avant que sa mère, restée en zone occupée, ne soit arrêtée. Toute sa scolarité est ainsi entrecoupée par psychothérapies et psychanalyses, mais il devient néanmoins documentaliste en neurophysiologie au CNRS.

Il écrit, et dès 1965, il est récompensé par le prix Renaudot pour l'écriture de son premier roman Les Choses, récit relatant la vie et les rêves d'un couple de psychosociologues ( = personnes qui mènent des enquêtes d'opinions), éternels insatisfaits de la vie. Puis, en 1967, il est sollicité par Raymond Queneau et Italo Calvino pour intégrer l'Oulipo, l'OUvroir de LIttérature Potentielle, groupe de littéraires et de mathématiciens qui définissent l'Oulipo par ce qu'il n'est pas : un mouvement littéraire, un séminaire scientifique ou une littérature aléatoire. Le but de ce groupe ? Être des « rats qui construisent eux-mêmes le labyrinthe dont ils se proposent de sortir. ». Les écrivains se donnent alors des contraintes d'écriture, la plus célèbre de Georges Perec étant la suppression de la lettre « e » dans son son roman La Disparition, publié en 1969.

En 1978, il connaît un grand succès avec un autre roman : La Vie, mode d'emploi, qui lui vaut d'être récompensé par le prix Médicis. Suite à cette consécration, Georges Perec abandonne son métier de documentaliste pour s'adonner pleinement à la littérature, s'inspirant de divers auteurs, de Stendhal à Kafka. Toujours à la recherche de nouvelles formes littéraires, il essaie de se diversifier et publie des ouvrages toujours plus originaux au fil de sa vie, toutefois ses écrits prennent souvent une forme autobiographique, comme W ou le souvenir d'enfance qu'il écrit en 1975 et Je me souviens en 1978, romans qui rendent hommage à ses parents. Mais ils sont avant tout des prouesses littéraires, citons encore une fois La Disparition mais aussi Les Revenantes, roman publié en 1972 dans lequel il n'utilise que la lettre « e » comme voyelle !

Il devient aussi réalisateur et transpose son roman Un Homme qui dort à l'écran, en 1974, film qui relate la vie d'un étudiant vivant dans un monde gris, se refermant de plus en plus sur lui-même (forte inspiration kafkaïenne et autobiographique, une fois de plus). Par son innovation littéraire (l'auteur s'adresse directement à son personnage principal en le tutoyant) le roman, publié en 1967, s'est vite fait une place dans la littérature. En format cinématographique, l’œuvre remporte là encore un vif succès, dû notamment à la performance de l'unique acteur du film, Jacques Spiesser. Toujours derrière la caméra, il réalise en 1979 un documentaire sur les émigrants américains d'origines juive ou italienne, interrogeant le thème du déracinement, documentaire qu'il intitule Récits d'Ellis Island. Encore une fois, on constate que l’œuvre est sans doute une pièce constituant la quête identitaire de Georges Perec, dimension qui imprégnait déjà nombre de ses romans.

Il vit ensuite les six dernières années de son existence avec une cinéaste, Catherine Binet. Il produit ainsi son film Les Jeux de la Comtesse Dolingen de Gratz en 1981 et meurt un an plus tard, atteint d'un cancer des bronches. Il laisse derrière lui de nombreux récits que l'on qualifie encore de nos jours d'extravagants, d'originaux et d'innovants, récits qui conservent par ailleurs une part de mystère due à la fameuse quête identitaire de l'auteur.

"A vous de jouer maintenant ! Écrivez à la manière de Georges Perec sur le patrimoine et envoyez vos textes à l'adresse memoiresenmouvement@gmail.com, nous les publierons sur le blog.